Au milieu des décombres dégagés à mesure par les mains courageuses des survivants, avançait saule, pointe improbable de couleur dans le gris de la poussière et de la pierre. Ses pas devait le conduire auprès des siens dans le campements à l'exterieur, et non sous les regards ahuris des ouvriers, surpris de voir un tel personnage avancer là l'air absorbé.
Ses pieds le menèrent bien malgré lui devant ce qui était autrefois une belle demeure. Aujourd'hui le toit éventré recevait, outre un bain de lumière, une nichée d'oiseaux venus racoler les miettes et les restes abandonnés en hâte par les anciens occupants.
Prenant soudain conscience de ce qu'inconsciemment il était revenu à sa maison tandis que ses pensées l'occupait, Saule ne put retenir un soupir. Puis d'un coup d'épaule débarassa le passage que la porte dégondée ne fermait plus réellement, et passa entre les murs fissurés de l'ancien atelier. Là épars, peu nombreux étaient les instruments qui jonchaient le sol, plus rare encore ceux qui n'avaient pas été brisé par les chocs répétés de la magie qui avait dévasté la cité blanche.
Saule se souvint qu'il n'avait pas revu ce foyer depuis de nombreux mois, et l'odeur du bois et des cordes, des peaux tendues. Il se prit à ramasser ce qui trainait de droite et de gauche, réarrangeant rapidement cette pièce qui lui avait appris ce qu'il était, et la musique lui revint, tant d'échos, tant de souvenirs, une symphonie de la mémoire.
Un par un, longtemps, egrenna t il quelques notes sur chaque instrument avec rage ou désespoir, triant avec obstination ceux qui n'auraient plus de voix et ceux qui par miracle avaient encore une âme et un son, mais la plus grande partie n'aurait pu contenter qu'un médiocre artiste, et les outils pour la plupart ravagés ne seraient plus jamais les doigts de leur ancien Maître.
Père pleurerait de revenir ici
au fond de lui il ne put s'empecher de penser que sa famille partirait sans doute quand la poussière et le souvenir des batailles serait tombée...